mercredi 23 janvier 2019

Les Gilets Jaunes ont déja gagné


GILETS JAUNES : NE VOUS RESIGNEZ PAS !


 « Ne vous résignez pas à ce que devient la France. Levez- vous ! Le moment est venu. »  C’est bien ce qu’ont fait les Français, dans ce mouvement social inédit des Gilets Jaunes qui n’a pas vraiment surpris les observateurs attentifs. Ni bien-sûr les retraités et les travailleurs pauvres qui se vivent comme les vaches à lait de l’Etat et des gouvernants.

Peu y croyaient vraiment. La crise était annoncée pourtant, depuis de nombreuses années.

Une manifestation des Gilets Jaunes en France



UNE CRISE ANNONCEE


En voici trois exemples :


-Dès 1995, le sociologue Michel Crozier, auteur de « La Société bloquée » publiait l’ouvrage « La crise de l’intelligence (Essai sur l’impuissance des élites à se réformer) », indiquant alors :

« La société française est bloquée par une crise profonde de l’intelligence à la française. Il n’y a pas un mal français mais un mal des élites françaises. C’est donc à une véritable révolution intellectuelle qu’appelle ce livre, pour que nous puissions affronter sereinement le siècle qui vient. »

-En 2011, le groupe de réflexion Les Gracques (« Ce qui ne peut plus durer » éditions Albin Michel) alertait :

« Les gouvernants recevront leur mandat d’une société fracturée par la défiance, les inégalités et le corporatisme. L’effort sera rude pour chacun, mais la survie de notre modèle social est en jeu. Tellement rude que, cette fois-ci, les élites vont devoir donner l’exemple. »

- En 2016, Bruno Le Maire écrivait dans son livre « Ne vous résignez pas » :

Ne vous résignez pas ! « Ne vous résignez pas à une nation qui tombe ! A un système administratif et fiscal devenu fou ! Vous avez le pouvoir. Prenez-le ! Le moment est venu. »



L’INCOMPREHENSION ET LA COLERE


Après l’élection d’Emmanuel Macron, les syndicats sont relégués aux oubliettes, les retraités sont taxés… Les petites phrases assassines du président de la République se succèdent.

Le cauchemar démarre par une incompréhension et une colère qui ne s’éteignent pas depuis l’annonce de la baisse à 80 km/h sur les routes secondaires et de l’augmentation du carburant automobile. Une opposition qui s’accompagne d’un sentiment d’injustice face au diktat parisien 



LA BOURRASQUE S’EST TRANSFORMEE EN TEMPETE


Retraités, petits salaires : les Gilets Jaunes apparaissent et occupent les ronds-points de la France des provinces. Semaine après semaine, ils descendent sur Paris.

Dans cette France où l’ascenseur social est plus que jamais en panne, ils expriment ce que veulent les Français : pouvoir d’achat, impôts, taxes, retraites, train de vie de l’Etat, dépenses publiques, justice sociale, démocratie représentative et participative…

Les revendications sont déjà connues. Mais quelque chose de nouveau est apparu : un langage différent, l’idée que l’on a raison de se révolter et une détermination qui ne faiblit pas sont les trois ingrédients qui produisent cette force tranquille que rien ne semble au fil des semaines pouvoir arrêter.



POUR UNE SOCIETE DU RESPECT


A défaut de solution, les autorités ont trouvé un nom. Selon le président de la République et le ministre de l’Intérieur les « séditieux », les « factieux » sont à la manœuvre parmi les Gilets Jaunes.

Mais en réalité, les gouvernants, les médias et les élites doivent au fil des semaines faire face à une relation abîmée. Ecornée par ce que certains appelleront le tsunami de la défiance.…

Que les élites montrent enfin l’exemple est désormais l’une des exigences de la revendication.

Les Gilets Jaunes n’ignorent pas que le mal français ne se règlera pas d’un coup de baguette magique.

Mais ils veulent que l’autorité publique prenne en compte leur demande de pouvoir d’achat, de sécurité, de justice, d’information, de démocratie.



LES GILETS JAUNES ONT DEJA GAGNE


Certains voient dans cette crise des Gilets Jaunes « l’enfant » de ce grand mouvement de grève il y a 10 ans contre la vie chère qui avait alors marqué l’entrée de la question sociale dans le paysage martiniquais. Peut-être bien.

En tout cas, à mon avis, les Gilets Jaunes ont déjà gagné. Tout ce qu’ils souhaitent ne pourra pas toujours se réaliser, mais des pistes se dessinent.

Tandis qu’atteint d’une forme avancée de déni le gouvernement se réjouit de leurs divergences internes et tente, à coups de débats, de noyer le poisson, les Gilets Jaunes, au-delà de leurs marches et des Actes successifs de leur mouvement, ont renouvelé l’espoir français d’une réforme juste et d’une société du respect.

C’est sans doute là l’essentiel du message des Gilets Jaunes aux élites.

La France, elle, saura-t-elle saisir cette chance ?



Jean-Pierre MAURICE

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